Mon chemin vers Clowns et Magiciens Sans Frontières/Belgique…
J’ai rencontré Stéphane, Kevin et Sylvain en 2002 en Suisse lors d’un festival. Ils n’avaient pas encore co-fondé CmSF. Bien entendu, je n’avais pas prévu mon retour Suisse-Belgique et au terme du festival (La Plage des Six Pompes)
Sylvain me propose de me rapatrier.. 684 km d’anecdotes sans frontières. Sylvain m’a raconté ses périples de magicien pendant 8h de route. L’année suivant, ce dernier ainsi que Kevin et Stéphane co-fondaient CmSF … Ce faisant, mon amie d’âme, Céline, et moi-même demandons à Sylvain« Comment on fait pour partir en mission ? » . Lui, de nous répondre « Faites votre sac, je vous file des contacts sur la frontières Birmanie-Thaïlande et allez-y ! » On y est allé. C’était en janvier – février – mars 2005…
Partager un bout d’enfance, le cœur au milieu du visage (nez rouge)pour retrouver la liberté : L’IMAGINAIRE
« Chaque enfant à le droit d’accéder à son imaginaire. Tout adulte à le devoir de se souvenir qu’un jour aussi il fût enfant. » (à qui de droit, ceci est à proposer à la ligue planétaire des droits de l’Enfant)
Le souvenir le plus touchant d’une de mes missions…
Sihanoukville, ville balnéaire très touristique du Cambodge. Je m’y pose une soirée en fin de mission, le temps de prendre un bateau le lendemain matin. Connaissant le coin, sur les coups de 17h, je m’assois face à la mer pour admirer le coucher du soleil à quelques centaines de mètres des touristes amassés en masse aux terrasses ensablées. A l’orée de la palmeraie et cocotiers déconfits qui se trouvent dans mon dos, derrière la plage, j’entends des cris, des enfants qui courent… vers moi. Evalués à une petite dizaine, entre 5 et 16 ans, ces enfants, ces jeunes vivent dans cette palmeraie, guident et arnaquent les touristes en journée avec un art de la politesse troublant et la nuit tombante ils reviennent.. Ce sont les enfants des plages. Devant moi, autour de moi, les grands bousculent les petits, me titillent, me tapotent, me poussent, me taquinent. Là, deux solutions : soit je vais « avec » soit je vais « contre » ce moment pour le moins désarçonnant voire en passe d’avoisiner l’inquiétude. Je joue le jeu de celui qui a mal, voire très mal, qui exagère à « en-saigner »( !). J’attrape vite un bout de tissu dans ma poche que je frotte avec insistance sur mes hématomes et blessures. Puis, d’un coup d’un seul je fais disparaitre le bout de tissu. Un tour de magie vient de sauver une situation dans laquelle je ne faisais que feindre d’être à l’aise. Le miracle opère, je les vois s’asseoir d’un seul homme, sauf un aîné qui, contraint de manifester son désaccord, me somme de recommencer le tour de magie. Coup de bol, je m’exprime pas trop mal en Khmer et me surprend à leur dire «Non. Je viens tranquillement voir le soleil et vous arrivez m’ennuyer ? Non ! Demain, même heure, si vous êtes là, moi aussi ! »
Le lendemain, ils étaient plus d’une centaine d’enfants des plages de Sihanoukville. J’ai joué 40 min de spectacle ! Tous assis, là, tous, chacun et chacune avaient dans les yeux l’écho de leur enfance, un regard de leur âge ! (Mission Cambodge janvier février 2012)
Le souvenir le plus drôle d’une de mes missions
Au Sri Lanka, quelqu’un nous a définis comme des « Guerriers du rire et de l’Enfance ». Peut-être est-ce parce qu’en effet, nous sommes en quelque sorte des « chercheurs de misère » ? Peut-être aussi est-ce un lien commun entre tous les « êtres humains sans frontières ». Les sou-fou-rires en missions ont deux belles fonctions ; avant et après les spectacles les rires font soupape et évacuent alors que pendant la représentation ils deviennent un langage. Imaginez le nombre de sou-fou-rires en 10 missions !
Par contre, à propos de drôle et de rire, il me revient un souvenir.
Contradictoire anecdote.
Nous sommes Céline et moi au Kenya en fin de deuxième mission. On part en mobylette, sac sur le dos, comme d’hab, tout va bien, on est malade mais ca fait 4 semaines c’est devenu naturel, on emprunte un sentier de poussières rouge écarlate et de nids de poule, grillagé de part et d’autre. Les engins s’arrêtent : à droite une prison pour adultes, à gauche une prison pour mineurs ! On tourne à gauche bien sûr. Peu de questions, on se prépare, ils sont prêts, dehors, assis, en silence, pas un d’eux n’est majeur. On déboule en costume, là, devant cette grande jeunesse trop vieille pour son âge, qu’on va tâcher de faire fût-ce rêver quelques instants. Ils ont néanmoins reçu une consigne au préalable de leur directeur bienveillant à notre égard. Cette consigne, qui à priori, serait voué à empêcher quelconque moquerie, perdait par contre à l’insant toute sa crédibilité.
Consigne de discipline d’un directeur de prison à ces détenus d’âge mineur quelques secondes avant la représentation d’un spectacle de clowns :
« Il est interdit de rire ! » Petit silence. Petit franc qui tombe.Tout va bien. On y va. Pendant le spectacle, ils ont tous désobéi à la loi, le directeur en premier, puis ils sont partis comme ils sont arrivés. Le directeur toujours en premier. Nous deux, on est resté dehors. Pas longtemps. Mais on a pleuré.
Des mots qui me restent en mémoire
Souvent, en occident, après un spectacle, les spectateurs disent « bravo » aux artistes. En mission, les gens leur disent « merci ».
Mon message d’espoir
« Un enfant »
Une larme d’un enfant
Qui coule, qui roule, qui tombe et s’abandonne
Sur la poussière rouge des chemins d’Afrique Noire
Couché sur un quai gris de la gare de Phnom Pen
Tard le soir
Perle sur un coin d’oreiller,
Dans un lit d’hôpital,
Bunia, Nairobi, Bucuresti, Paris
Un clown apparaît
La larme de l’enfant
Coule, roule, tombe, et disparaît
L’enfance est un métier que l’on créée sa vie
Biographie (résumé en quelques lignes)
Mon parcours aux côtés de CmSF m’a emmené depuis 2005 en Belgique, Birmanie, Thailande, Laos, Cambodge, Kenya, Roumanie, Philippines, Inde, Sri Lanka, Liban, Haïti dans les camps de réfugiés et de déplacés, les bidonvilles, les rues, les écoles, les hôpitaux, les orphelinats, les usines, les prisons, les centres d’accueils, les maisons, les places publiques, les églises, les mosquées et les quotidiens d’enfances oubliées…