Notre arrivée à Medellin a été marquée par les 15 h de voyage après notre départ de Cúcuta…BOOM, le bus arrive, trio dégomé et hop nous partons à la recherche d’un taxi pour rejoindre notre dortoir dans le quartier « 12 de octubre ». Pas évident dans une ville où les taxis ressemblent à des minicooper de faire rentrer la Caravana et ses 7 bagages de petit cirque ambulant.

Nous traversons la ville du printemps éternel pour arriver à la « Corporacion Ramiriquii et Areca, Comparsa Luna Sol », petite maison culturelle, au sommet de la face nord-ouest de Medellin. L’accueil est magnifique! Natalia, jeune comédienne passionnée d’art social, nous parle un peu de la situation et du cadre de vie des lieux où la Caravana va présenter « Los Cacharos ». Le panorama est clair: nous allons passer une semaine de folie avec des populations marquées par le déplacement forcé, la violence entre les gangs, et la pauvreté latente : le pain quotidien du citoyen de classe basse à moyenne de Medellin.

Dans cette ville où la fameuse fête des fleurs bat son plein, première intoxication alimentaire pour notre Erwan chéri qui sera remplacé sur le pouce par un de nos élèves des ateliers que nous avions commencé la veille, dimanche 10 août, dans le vieux quartier colonial du Prado.
Le clown « Rayado » avec une heure de répétition rentre dans la Caravana au quartier de Santander où les enfants nous demandent que signifie « Dibidi » phrase culte du langage inventé de Mamichi. Surprenant de voir les enfants te révéler ton clown.

Le lendemain, notre Erwanou encore fragile après la journée du lundi à l’hopital retrouve la Caravana pour partir en périphérie de la ville toujours accompagné de Natalia et de son ami Victor.
Nous commencons par le collège « CIESO » peuplé de sourds-muets et retardés mentaux où le langage du geste au-delà des frontières a pu être partagé avec près de 500 élèves.
Nous avions néanmoins une traductrice pour les quelques passages parlés et les élèves nous ont demandés si nous aimerions apprendre la langue des signes colombienne. Leurs remerciement nous ont beaucoup touchés et sans l’aide de traductrice cette fois nous avons pu comprendre l’étincelle dans leur regard et les gestes d’amour qu’ils nous communiquaient.

L’après-midi, escortés cette fois par  » La legion del Afecto », nous partons pour une longue marche pentue dans le quartier « Nueva Jerusalem » où poules et chiens de la rue nous accueillent au milieu de cette population un peu craintive marquée par les non-dits.
Ici Guayava et Mamichi partent arranguer dans le village suivi d’une vingtaine d’enfants tel l’image de la légende d’Hamelin suivi de loin par notre Désiré encore fébrile qui rameute des mamans mignonnes avec leur petit bébé dans les bras.
D’ après Paul, ceci fut le naissance de Mamichi en tant que leader révolutionnaire locale.
Après 3 chiens et 5 poules recrutés, los Cacharos accordent leurs instruments à côté d’une église où les vieilles personnes s’inquiètent du message de notre spectacle. « Habla de cosas buenas o malas? »
Depuis cette vue splendide où les cerfs-volant en forme d’aigle planent, les villageois rejoignent progressivement notre » Family circus ». La confiance s’installe et nous terminons entourés de bébés et d’enfants amusés entre autre par les nouvelles trouvailles de Désiré ou le lavabo sorti de nulle part. La messe va commencer les vieilles personnes nous bénissent et nous descendons ce chemin de pierres parsemée de  » pajaritos » piment qui pousse dans les montagnes.

La Caravana retourne au Prado pour donner son dernier atelier contente d’avoir retrouver son Désiré.